Fact'Ory

À l'origine des faits


« Chemtrails » #4 : Envol raté pour Barnérias

D’Alexandre Juving-Brunet à France-Soir, ce mois de juin remet à l’honneur la théorie des « chemtrails ». Néanmoins, ces derniers ne s’étaient jusque là jamais prononcés clairement à ce sujet. Chose faite à l’image de Pierre Barnérias. Alors que le réalisateur est actuellement en tourné pour son dernier film « Les Survivantes » – qui rencontre un certain succès dans les salles françaises – son dernier reportage pour Citizen Light, « La manipulation du climat : l’arme fatale ? », passe lui sous les radars. Diffusé en direct sur la plateforme Citizen Video le 11 juin 2024, le reportage n’a pas encore trouvé son audience. Malgré une préparation des esprits par une série de deux publications en avril puis une annonce en grande pompe le 6 juin, les chiffres ne décollent pas. La production ne trouve pas son public : l’absence de nouveautés ne saurait convaincre une nouvelle clientèle et n’apporte pas d’éléments supplémentaires dans la besace des tenants de la théorie. Fact’Ory a visionné les 45 minutes. Analyse.


Barnérias : acteur timide et nouveau dans le monde des « chemtrails »

On le croyait abandonné et pourtant. Promis au mois de septembre 2022 avec pour horizon une sortie en novembre de la même année, le reportage devait apporter toute l’expertise de deux personnes : le premier, Luc, pilote d’hélicoptère passionné par le sujet « depuis plus de 20 ans« , le deuxième – absent lors de l’émission – ancien de l’aéronautique. Le « dossier, énormissime, avec toutes les preuves à l’appui« , devait apporter une réponse définitive au sujet à coup de « constat d’huissier, des analyses« . Des déclarations « prometteuses ». Et pourtant : rideaux. Rebelote en avril 2023, où l’annonce prochaine d’un reportage sur « les guerres invisibles » n’avait finalement pas abouti selon les délais annoncés (« avant l’été » 2023).

Ce sont deux publications sur X, le 9 avril 2024, qui remettent une pièce dans la machine. Barnérias revient à la charge évoquant ici une expérience de cloud brightening, une société d’ensemencement des nuages. On le sent, l’envie semble être de créer un engouement autour de la question afin de poser un terreau fertile au reportage en cours de réalisation. Il faudra attendre le 6 juin 2024 pour que soit annoncé, toujours sur X, le deuxième numéro de la série « Les guerres invisibles » intitulé « La manipulation du climat, l’arme fatale ?« . Flop. La publication ne collecte pas plus de 200 likes et le trailer plafonne autour des 2 000 vues sur la chaîne YouTube de Citizen Light.

S’il n’est pas possible de connaître les chiffres de la diffusion du reportage, l’absence totale de réactions sur les réseaux sociaux témoigne d’un raté. Et pour cause : l’ancien reporter de France 2 n’est pas une figure identifiée par les tenants de la théorie des « chemtrails« . Sa très faible empreinte à ce sujet ne déchaîne pas les foules. Sa base militante, elle, le suit avant tout pour ses sujets ayant traits à la pédocriminalité ou au Covid. Peut-être faut-il également y voir la nécessité de souscrire à un abonnement de 4.50€, quand les « informations » à ce sujet sont déjà largement disponibles gratuitement sur le Web. NDLR – Le documentaire est en libre accès depuis le 12 septembre 2024 sur le chaîne YouTube de Citizen Light. Toujours est-il que face à ce manque d’engouement, Barnérias publie le 18 juin deux nouveaux tweets faisant la promotion de son dernier né. Le même jour la chaîne YouTube mettra également en ligne une vidéo des dix premières minutes, quand le trailer se cantonnait jusqu’alors aux deux premières minutes. Trouvant un peu plus de visibilité (12k vues à l’heure où nous écrivons), il ne rencontre toujours pas le succès escompté n’étant pas relayé par les gros comptes adeptes du sujet.


De la (dé)crédibilité des témoignages

Disons le, on s’attendait à mieux ! Trop fidèle à son style de tournage, Barnérias ne saisit pas les spécificités du sujet préférant jouer sur les habituels appels à la nature et à la protection des enfants, le tout dans un catimini face caméra avec les trois intervenants du film. Les preuves indiscutables annoncées sont aux abonnées absentes.

A contrario, le réalisateur se contente de nombreux poncifs déjà éculés par manque « d’expertise » en la matière. Classiques parmi les classiques, le documentaire reprend à son compte :

  • Les images d’un ciel bleu zebré de traînées de condensation persistantes
  • Les traînées de condensation « normales » ne se persistent pas, à l’inverse des « chemtrails« 
  • Les avions sans identification
  • La présence dans les analyses de composés chimiques lourds (aluminium, baryum, strontium)
  • La confusion entre géo-ingénierie, ensemencement des nuages et « chemtrails« 
  • Les éternels extraits, à l’instar de l’intervention de John Owen Brennant – ancien directeur de la CIA – devant le Council on Foreign Relations en 2016
  • Les brevets assimilés aux « chemtrails »
  • Les toiles d’araignées dispersées au vent

En somme, rien de neuf sous le soleil. Le film joue plus sur la « crédibilité » des témoignages que sur le fond du propos. Crédibilité pourtant rapidement écornée puisque le film s’ouvre, dès la vingtième seconde, avec l’intervention d’un certain Frédéric Boichat. Ce curieux personnage est présenté comme un « géobiologue », une pseudoscience basée sur « la croyance ésotérique des relations de l’environnement, des constructions et du mode de vie avec le vivant et notamment des ondes liées aux champs magnétiques et électriques, courants d’eau souterrains, réseaux dit « géobiologiques », failles géologiques, etc » [à ne pas confondre avec la géobiologie, branche de la paléontologie – NDLR]. Son blog s’affiche en grand : « Tout est énergie et information. C’est la base de toute vie« . Quelle expertise au sujet de l’aéronautique ou de la physique atmosphérique ? Aucune. Ancien « cadre administratif dans le domaine social« , il s’est ensuite reconverti dans la géobiologie en suivant des formations auprès d’autres géobiologues et de « nombreux cours de développement personnel« , précise-t-il sur sa page de présentation.

Capture d’écran de la page présentation du site geobio-energie.ch

Cet intervenant sert avant tout de caution nature et connexion au vivant, thème cher à Barnérias. Afin de donner un peu de densité au propos, il va tendre le micro à deux pilotes tout au long du reportage. Le premier se présente comme un « pilote de ligne et commandant de bord pendant une quinzaine » d’années avec au compteur « 15 000h de vol sur 26 types de machines différentes« . Son témoignage demeurera anonyme restant « méfiant » face aux « personnes impliquées dans ces épandages [qui] ne sont pas bienveillantes« . Le deuxième, témoignant lui à visage découvert, est un certain Stefan, pilote de ligne depuis 15 ans pour plusieurs compagnies en Europe.

« Quand j’ai commencé moi j’y croyais pas du tout aux chemtrails. C’est l’expérience qui m’a fait ouvrir les yeux »

Stefan, pilote de ligne interrogé

L’occasion rêvée d’avoir enfin la preuve des commandes de « chemtrails » à l’intérieur des avions, des photographies de cuves de produits chimiques, ou des révélations documentées ? Douche froide. Leurs témoignages ne feront part que de spéculations et d’interprétations de phénomènes mal identifiés. Le moment révélateur de ces biais intervient lorsque Pierre Barnérias demande à Stefan s’il avait eu « la preuve sous les yeux« .

« On était à environ 9 900 mètres et en dessus de nous j’ai vu un 747 […] Je regarde sur mon display et je ne vois pas cet avion. » Ajoutant que l’avion était peint de « couleurs pas connues du tout […] blanches et vertes. Il y a des possibilités qui pourraient dire que c’est Evergreen ou ce genre de chose là. Simplement moi j’ai pas les preuves, j’ai pas pu voir« . Enfin, Stefan affirme que l’avion « avait quatre traînées blanches qui ne sortaient non pas des moteurs mais qui étaient légèrement désaxées« .

Aucune image ne sera prise de ce moment, le pilote n’ayant « pas eu le temps de prendre [son] téléphone pour faire un film« , ce qui ne l’empêche pas d’affirmer que ce jour là a été « la preuve que l’on ne peut pas remettre en question le sprayage« . Cette « preuve » est corroborée, selon lui, par ce qu’il se passe aux Etats-Unis : « ils reconnaissent qu’ils font ça » [ce que personne n’affirme à ce jour – NDLR]. Entre mélange des genres et analyse personnelle d’une situation incomprise, le lien est pourtant établi.

Même son de cloche pour le pilote anonyme. « J’ai vu certains avions qui ressemblaient à des 747 blancs sans immatriculation épandre » indique-t-il, allant jusqu’à préciser qu’il est possible « que l’on ait mélangé un produit dans le kérosène » de son propre avion. En d’autres termes, rien qui ne fasse preuve, rien pour démontrer le fait que ces traînées de condensation persistantes soient composées de produits chimiques mis intentionnellement à des fins cachées.


Télescopage des témoignages

Bien au contraire, ces témoignages sont la démonstration d’un pilier central de cette théorie : l’absence de preuve tangible. Fait intéressant, jamais n’y est questionné ce que l’on sait déjà au sujet des contrails persistants. Une prémisse, utilisée tel un mantra : « ce n’est pas normal« . Or, comme Fact’Ory l’avait déjà analysé dans le premier article de la série, le phénomène est étudié de longue date et est largement documenté, tant dans ses origines physiques et microphysiques que ses implications climatiques.

Autre élément symptomatique des tenants des « chemtrails » est l’incohérence, voire même les contradictions, de leurs propos. Et à ce titre, le reportage n’en manque pas. À commencer par l’altitude à laquelle sont censés se faire ces « épandages ». Quand l’un affirme qu’ils se font à haute altitude, le deuxième précise lui qu’ils sont réalisés « à des étages moyens, inférieurs« . Altitude qui ne sera d’ailleurs jamais démontrée, les deux pilotes jugeant au doigt mouillé de cette dernière depuis le sol. Une exception. À partir de 6’15 de reportage, une vidéo de Stefan est passée à l’écran. Elle y montre un avion laissant une traînée de condensation persistante. L’avion est identifié sur FlightRadar24 : un Antonov volant à 33 000 pieds, soit 10 000 mètres d’altitude. Une hauteur satisfaisante pour disposer des conditions de formation de traînées de condensation persistantes.

Capture d’écran issue du reportage « La manipulation du climat : l’arme fatale » à 6 minutes et 50 secondes

Cet extrait est également révélateur d’une deuxième incohérence : le type d’avions utilisés pour ces « chemtrails« . Quand Stefan affirme avec assurance que ce sont « des avions dédiés« , à l’image de cet Antonov, qui les réalisent, le pilote anonyme lui laisse entendre que cela peut se faire grâce à l’ajout de kérosène spécifique dans les avions de ligne. Cette question est d’ailleurs un « débat » récurrent au sein des partisans de la théorie. En effet, des outils accessibles au grand public permettent aujourd’hui de vérifier, en temps réel, les trajets, l’altitude, l’immatriculation ou encore la compagnie des avions de ligne comme FlighRadar24 mais aussi RadarAvion ou encore FlightAware. Nombreux sont les partisans faisant part de leurs observations sur ces sites et ce dès le départ de la théorie. En revanche, silence radio du reportage qui préfère se limiter à l’exemple de l’Antonov quand d’autres observations sont réalisées mais non comparées à des outils de suivi.

Quid de la formation de ces traînées dites « chimiques » ? Son dissonant chez les interviewés. Stefan explique que les traînées de condensation disparaissent très vite quand l’air est sec en altitude mais persistent quand l’air est humide. À rebrousse poil, le second évoque lui des formations dans un « air relativement sec et froid« , allant à l’encontre de toutes les études à ce sujet et notamment des critères de Schmidt-Appleman.

Figure 4, H. Appleman, « The Formation of Exhaust Condensation Trails by Jet Aircraft », Bulletin American Meteorological Society, 1953, p. 19

Chacun s’entend pourtant sur le fait que cette persistance est « anormale » :

 » Par contre, ce qu’on n’aura jamais c’est un étalement de cette traînée « 

Pilote anonyme à 9’30

 » Il faut qu’on soit clair c’est pas des avions de ligne qui sprayent des particules, les avions de ligne travaillent normalement, font des traînées de condensation. Mais les traînées de condensation, ce qu’il est très important de savoir, c’est qu’en principe elles se dissipent « 

Stefan à 7’45

Affirmation non démontrée et pourtant à la base même de cette théorie : sans cela, elle n’est qu’un écran de fumée.


Des éléments de preuve inexacts, incohérents, voire manipulateurs

En dehors de ces deux témoignages, le reportage tente de s’appuyer sur des éléments présentés comme factuels. À commencer par des images filmées d’un ciel bleu zébré de traînées de condensations persistantes.

Elles ne sont que l’illustration de ce que les études depuis les années 1970 tentent d’évaluer : l’impact des contrails sur le climat. En d’autres termes, rien ici ne permet d’utiliser ces éléments comme des preuves d’une injection délibérée de produits chimiques.

Une minute plus tard, le reportage se livre à un clin d’œil appuyé en diffusant un extrait de l’intervention de l’ancien directeur de la CIA – John Owen Brennan – le 29 juin 2016 au Council on Foreign Relations. Il s’y exprimait au sujet de l’instabilité et des menaces internationales à la sécurité collective. L’extrait choisi – régulièrement utilisé comme trophée par les tenants de la théorie – aborde le sujet des projets de géo-ingénierie et en particulier celui de l’injection d’aérosols stratosphériques (SAI), tout en coupant le reste de l’intervention évoquant les dangers potentiels d’une telle utilisation.

Une minute plus tard est diffusé un extrait d’un journal télévisé américain – Queencity News – du 5 avril 2024. Lors du JT, l’intervenante, Maycay Beeler – une pilote chevronnée qui s’est déjà longuement exprimée à rebours de la théorie – évoque la dernière loi mise en place dans l’Etat du Tennessee indiquant que « si votée, cette législation bannirait les chemtrails. Si le gouverneur du Tennesse la signe, elle entrera en vigueur le 1er juillet« . Or le reportage joue de la crédulité de ses téléspectateurs. En effet, l’extrait utilisé est particulièrement trompeur et découpe volontairement deux passages séparés pour créer un ensemble qui paraît être une même séquence*. Pourtant l’intervention originale évoque explicitement le caractère conspirationniste derrière cette loi :

« If passed the legislation will banned chemtrails, a bill based on a conspiracy theory. The chemtrail conspiracy theory claims commercial aircraft realised poison into the atmosphere intentionnaly”

Maycay Beeler sur Queen City News, 5 avril 2024

Afin de justifier l’idée d’un « épandage » massif et volontaire, le reportage inclut plusieurs images censées démontrer le « pattern » (schéma de vol) inhabituels de certains avions. Trois captures sont fournies. Les deux premières sont en réalité des composites réalisées à partir de divers sites, certains non identifiables, rendant impossible la vérification des trajets mis en exergue. D’autant que les trajets des avions suspectés ne montrent pas d’anomalie et sont souvent loin de ceux présentés dans la vidéo. Ainsi le vol AFR1949, est un vol quotidien entre Cascavel et Guarulhos au Brésil.

Le vol SWR19R, réalisé par la compagnie aérienne Swiss, correspond à un trajet entre Zurich en Suisse et Newark aux Etats-Unis. Les avions sont donc parfaitement identifiés ainsi que leurs compagnies respectives. Les illustrations fournies par Citizen Light sont donc particulièrement questionnables.

La troisième image est, elle, une capture d’écran du site FlightRadar24 dont on reconnaît le design.

Sans commentaires et sur une musique inquiétante, le reportage tente d’illustrer là le caractère prémédité et organisé des « épandages ». Pourtant, aucune photographie au sol ne vient corroborer le fait que cet avion ait laissé une quelconque traînée de condensation persistante. De plus, ces petits avions – les Beechcraft Super King Air 200 (BE20) – sont régulièrement utilisés par l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) pour des missions d’imagerie aérienne. L’institut dispose ainsi de quatre de ces appareils pour photographier « l’ensemble du territoire national à une résolution de 25 cm tous les trois ans, avec une caméra numérique« .

Pendant plus de deux minutes, le film s’épand ensuite en conjecture non étayée sur la nouvelle classification des nuages de l’Atlas international des nuages dont la dernière édition a été publiée en 2017 – et non en 2022 comme indiqué dans le reportage. Les deux pilotes affirment, à tord, que la nouvelle classification incorpore de « nouveaux nuages » qui n’existaient pas auparavant. Erreur par simplification. La version 2017 ajoute au lexique 12 nuages déjà connus pour la plupart mais jusque là non classifiés comme tels. C’est le cas du cirrus homogenitus qui était auparavant classé sous le terme « Condensations trails » dans la version de 1956 (p.57). Y sont également ajoutés des nuages naturels – entendre non formés par l’activité humaine – comme le volutus, le flumen ou encore l’asperitas. Seuls cinq sont classés parmi les « nuages spéciaux« .

Classique parmi les classiques, la référence au brevet de Monsanto sur les plantes résistantes à l’aluminium. Déjà utilisé par Claire Severac en 2015 dans son ouvrage « La guerre secrète contre les peuples« , ce brevet (US7582809B2) n’est pas déposé par Monsanto mais par l’Embrapa – une entreprise d’Etat brésilienne – et le département de l’agriculture américain (USDA). Déposé en 2007, il proposait des plants de sorgo génétiquement modifiés grâce à un gène tolérant à l’aluminium (SbMATE). En effet, comme le précise le brevet, en s’appuyant sur cette étude de 2000, les terres acides dont le pH est inférieur à 5,5 peuvent présenter des taux élevés d’aluminium. Ce processus est bien connu. Il peut être causé par la solubilité de certains composés minéraux dans les sols au faible pH ou à l’utilisation intensive de certains fertilisants à base d’ammoniaque.

Enfin, nouvel appel du pied à l’imaginaire des habitués : les brevets de dispositifs d’épandage. Plusieurs d’entre eux sont présentés à l’écran. Premier de cette liste, le Patent US7413145B2 intitulé « Aerial Delivery System« . Celui-ci est en réalité un dispositif de lutte contre les incendies. Pourtant clairement évoqué dans l’abstract du brevet, l’image choisie dans le reportage coupe volontairement cette information.

Capture d’écran du reportage à 37’10

Même subterfuge pour le brevet US3899144A dont n’est présenté qu’un schéma au titre évocateur : « Powder contrail generation« . Comme pour le brevet précédent, le reportage se garde bien de préciser que le matériel est destiné à créer des fumées lors des parades militaires ou lors de tests militaires. Inventer un dispositif rendant visible une action secrète… Particulièrement incohérent.

Capture d’écran du reportage à 36’55

Élément après élément, Barnérias tente ainsi de connecter les points (« Connect the Dots » comme le veut l’expression largement usité dans ces milieux). C’est d’ailleurs précisément ce que Stefan évoque à la trente-cinquième minute :

« Sans être complotiste il faut juste voir les choses. C’est comme ces dessins pour enfants […] où c’est seulement quand on relit tous les points qu’on voit l’image complète »

Stefan, pilote de ligne depuis 15 ans

Cet imaginaire conspirationniste est mis à l’honneur vers la fin du film, jusqu’à sombrer dans une caricature de lui-même. Réempruntant des expressions communes (« Réveillez-vous« ) le pilote anonyme conclut dans une longue logorrhée :

« J’ai tendance à être globalement optimiste. Pourquoi ? Parce que j’ai bien compris un cycle que je n’ai pas créé, qui est donné depuis longtemps, c’est que les hommes faibles créent des temps difficiles, les temps difficiles créent des hommes forts, les hommes forts créent des temps faciles qui créent des hommes faibles. Or la génération d’après guerre, les boomers, les soixante-huitards, sont des hommes faibles et maintenant c’est une grosse crise de foi qu’on est en train de se taper. Elle va créer une génération d’hommes forts »

Pilote anonyme, à partir de 40’50


Conclusion

Ce deuxième épisode des Guerres invisibles de Pierre Barnérias échoue à convaincre. En cherchant à reprendre des codes éculés et sans apporter d’éléments nouveaux, « La manipulation du climat : l’arme fatale ? » démontre une nouvelle fois les difficultés de la théorie des « chemtrails » à répondre aux critiques qui lui sont faites. Approximations, corrélations sans causalités, spéculations, mésinformations, voire manipulations de l’image, il est en revanche dans les clous de la désinformation. À l’instar de Xavier Azalbert, qui, le 21 juin 2024, a mis pour la première fois et ouvertement les pieds dans le plat de la théorie des « chemtrails » lors d’un entretien avec Giuseppe/Joseph Tritto. Interview qui fera l’objet d’un nouvel article à venir de notre série sur cette thématique.

*Par soucis de commodité, nous avons souligné le passage utilisé dans le reportage correspondant à l’extrait du journal télévisé. La suite de la citation est elle bien différente.



2 réponses à « « Chemtrails » #4 : Envol raté pour Barnérias »

  1. […] soudain, suivant un mouvement généralisé, Azalbert décide le 21 juin de formuler de vive voix et pour la première fois le terme […]

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Répondre à « Chemtrails » #6 : « We will stop this crime » – Robert F Kennedy Jr – Fact'orY Annuler la réponse.

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