L’armée américaine, via son ministre de la défense, Lloyd Austin, a-t-elle annoncée vouloir atteindre un taux de 40% de personnes non-binaires à l’horizon 2025 ?
Cette déclaration ayant circulée dès le 28 février sur le Twitter francophone (ici ou ici), et encore partagée aujourd’hui, trouve ses origines sur des chaînes Telegram russophones dès le 26 et 27 février.
Dans un contexte de fortes tensions avec les Etats-Unis, la Russie, via ses relais médiatiques, ne cessent de mettre en avant la « décadence » de l’Occident en abusant de la thématique LGBTQ+.
À ce sujet, voir la vidéo d’Arte du 15 février, La propagande anti-LGBTPQ+ de la Russie.
Cette nouvelle affirmation n’apporte cependant aucun lien ou source vers le sujet des personnes non-binaires dans l’armée américaine ou d’une déclaration spécifique de Lloyd Austin, actuel secrétaire à la Défense depuis le 22 janvier 2021.
Les messages des chaînes Telegram ne donnent accès qu’à un lien (incomplet mais que nous avons pu retracer) évoquant la recrudescence des agressions sexuelles dans l’armée américaine en 2021 mais sans aucun lien avec la question du genre.
Ainsi, malgré ces déclarations, aucune affirmation de ce type n’a été tenue par Austin ou l’armée américaine par un quelconque de ses représentants. En revanche, la question de l’inclusivité de l’armée américaine fait débat depuis quelques années.
Déjà en 2017 Donald Trump avait souhaité interdire aux personnes transgenres de servir dans l’armée américaine, décision appliquée après bataille juridique en avril 2019.

L’administration Biden avait fait marche arrière le 25 janvier 2021 en autorisant par décret, en présence de Kamala Harris et Lloyd Austin, les personnes transgenres à servir à nouveau dans l’armée

À cette date, le Pentagone estimait à 9 000 le nombre d’actifs se déclarant transgenre, avec un millier ayant changé de sexe ou souhaitant le faire, sur un total de 1,3 million de militaires en service dans l’armée – soit 0.7%, très loin du taux de 40%. Si des démarches d’inclusivité ont été entreprises au niveau fédéral, comme ce décret du 25 juin 2021 concernant l’administration fédérale, l’armée reste éloignée de la question des personnes non-binaires en son sein.
Il faudra attendre début 2022 pour que soit annoncé par le Pentagone qu’une étude est menée sur la question sans que cela ne débouche, encore aujourd’hui, sur une évolution concrète pour l’armée américaine.
Pour autant, l’accès des personnes s’identifiant ouvertement comme non-binaire semble être possible pour Lloyd Austin. Questionné sur cette étude lors du Armed Services Committee hearing devant le Sénat le 7 avril 2022, il avait déclaré :
Je soutiens le fait de permettre à toute personne éligible et pouvant répondre aux qualifications de servir son pays.
– Secretary Lloyd Austin
Transcription de l’audition disponible ici (voir p.128-129).
Concernant l’image associée dans l’ensemble des messages relayant l’affirmation du taux de 40%, celle-ci est un photomontage réalisé à partir d’une photographie de 2007, disponible sur Wikipédia, du colonel Richard D. Clarke.

On peut ainsi retrouver des traces de ce photomontage dès 2013 dans lequel l’ensemble des insignes sont conservés, seul le nom a été retiré, la couleur et le visage modifiés.

Conclusion
L’affirmation, selon laquelle l’armée américaine souhaiterait atteindre 40% de personnes non-binaires d’ici 2025 et ainsi être la première armée « sex neutre », n’a aucun fondement et est affublée d’un photomontage disponible depuis 10 ans sur Internet.



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